lundi 28 avril

Je me demande ce matin comment j'ai pu écrire tous ces mots. So what ?

mardi 29 avril

Nick Tosches est imbattable lorsqu'il s'agit de décrire les péquenauds tarés du deep south (cf Hellfire, sa géniale bio de Jerry Lee Lewis). Il s'en donne à coeur joie avec les Héros oubliés du rock n' roll, une galerie de losers qui se sont fait flouer par le bizness, n'ont rien compris, ou simplement, n'ont pas eu de bol. Mais tous chantaient haut et fort "la gnole, les bagnoles et les pouffiasses", comme le dit élégamment Nick.

mercredi 30 avril

Je ne m'y fais pas : je n'aime pas avoir à sortir de chez moi pour aller travailler.

jeudi 1 mai

Vous ne ressentez pas cette impression ? Moi, elle me noue l'estomac à certains moments de la journée. Comme si la dernière main qui s'accrochait encore venait de lacher prise, nous emportant tous vers quelque chose de pas très rassurant : la pleine phase de développement du libéralisme conquérant, éradiquant les dernières poches de résistance (it's just beginning).

vendredi 2 mai

Tout peut arriver à tout moment. C'est tout ce qu'on peut dire. Et aussi : qui vivra verra. Ce sera tout pour aujourd'hui.

samedi 3 mai

Les syndicats sont débordés par la base. Raffa et ses potes ont voulu utiliser la Bush attitude, genre "on peut discuter un peu, mais ça ne changera rien". Encore un mois de mai à la française qui s'annonce.

dimanche 4 mai

On peut en rire. Mais on peut également choisir de prendre cette affaire d'illuminations très au sérieux. Il s'agit d'un collage de citations où les textes prennent plus de place que le commentaire. Le corpus est éclectique : Rimbaud, le Bouddha, Hölderlin, Tchouang-Tseu, Lautréamont, Maître Eckhart. Et pourquoi pas ? Dans "l'intimité de l'herbe fleurie" (Nietzsche), je trouve tout cela si ÉVIDENT. Warning ! Ce livre, lu dans certaines conditions (jardin, soleil, musique...), peut provoquer des effets secondaires. Sollers nous livre enfin son système philosophique. Il le fait avec une telle légèreté, voire une telle négligence, qu'il n'est pas certain qu'il soit entendu, et encore moins compris. Il le sait. Pourtant, l'écrivain médiatique et mondain n'a jamais été aussi sérieux. " L'enfer aujourd'hui, je le définis comme l'impossibilité d'accéder à la poésie." Il néglige les liaisons et les développements, va directement à l'essentiel. Quel que soit le tirage, il est évident que ce livre ne s'adresse qu'aux initiés (pour beaucoup, il paraîtra à proprement parler illisible).

lundi 5 mai

L'ordinateur central s'était mis à ramer, victime d'une maladie mystérieuse. Cela arrive de temps en temps. La solution ? Formatage intégral. J'aime assez cette table rase imposée par la machine. On redémarre léger. Les images s'affichent à la vitesse de l'éclair. Et on oublie ce qui a été irrémédiablement perdu.

mardi 6 mai

Ce n'est pas mon jour, le mardi.

mercredi 7 mai

Quand je pense aux abonnés qui attendent leur livraison de sentences bien senties, j'ai un peu honte de l'avouer : certains jours, je n'ai rien à écrire.

jeudi 8 mai

Vous connaissez ces moments où certaines choses se terminent (Lorsque vous sentez qu'elles ne se reproduiront plus jamais à l'identique) ? Il n'y a rien à faire. It's life, and life only.

vendredi 9 mai

J'ai essayé de lire un bouquin de SF. Je n'y arrive pas. Ce que décrit Spinrad (c'est de lui qu'il s'agit) dans Les années fléaux (folio SF) ressemble tellement au vingt heures qu'on nous sert ces jours-ci ! La fiction censée nous alerter sur les dangers à venir s'est transformée en simple constat. Expérience un peu refroidissante. Je vais lire un peu de poésie, tiens !

samedi 10 mai

 

Réflexions sur le jeunisme :

Je vois pas ce qu'il y a de mal à conserver une certaine "jeunesse". Tout dépend de ce que l'on met derrière ce mot. Contrairement à ce que la société spectaculaire marchande tend à nous faire croire, la jeunesse ne se situe pas dans l'entretient, la conservation et la restauration du corps. Passé l'âge biologique, la jeunesse est un fait de l'esprit - qui, du reste, entraîne souvent, une certaine forme de non-vieillissement de la silhouette (moins de tassement, d'épaississement). Pas de gros bide pour Beckett ou Keith Richards.

dimanche 11 mai

Je prends des photos des vidéos que je trouve sur kazaa. Vous n'y échapperez pas : Pat veux en faire une expo.

lundi 12 mai

Ce goût tordu qui ne me quitte pas n'est pas facile à expliquer. Tout ce rituel barbare et asocial (le Velvet et les Stooges, le son pourri, le punk américains des sixties genre Electric Prunes, les Stones en boucle, et encore aujourd'hui avec les Yeah Yeah Yeahs ou the Kills), ce n'est pas évident à justifier (surtout avec des amateurs de musique classique).

mardi 13 mai

En grève...

mercredi 14 mai

Les français découvrent qu'ils sont gouvernés par le Medef. On en revient au bon vieux conflit basique (celui qui semblait enterré à jamais) : peuple vs patronat (de là à parler de situation pré-révolutionnaire...).

jeudi 15 mai

Je vois mal la sortie de crise, comme disent les éditorialistes. Il y en aura pourtant une, n'en doutons pas (elle est juste difficile à imaginer).

vendredi 16 mai

J'ai coutume de m'offrir un pléiade pour mon anniversaire, qui arrive bientôt. J'hésite encore un peu, mais je pense que je vais opter pour Henri Michaux (volume deux, période connaissance par la dope).

samedi 17 mai

Un lecteur parle : Il faut vous dire que je suis ravi d'avoir découvert votre "Journal" où je
retrouve quelques uns de mes "héros" préférés en littérature et en musique. Comme je me sens parfois un peu isolé culturellement depuis 5 - 6 ans (déconnecté ?), grâce à vos petites notes et aphorismes, je me sens moins anachronique dans ce temps culturel plat, veule où règne l'ersatz.

dimanche 18 mai

Ciel bleu, pas de nuages (le peintre Bonnard notait ainsi, dans des petits carnets, le temps et la lumière de chaque jour). Pensez à moi, qui vais encore passer la journée dehors, dans le jardin (c'est du travail !)..

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