lundi 16 septembre

Je ne pense pas du tout que ce que je fais ici s'apparente à la real littérature. L'amateur de détails vécus n'en a pas pour son argent. Le lecteur ne connaît même pas le contenu de mon petit déjeuner. Tiens ! Je le prendrai en photo, un de ces jours, si j'y pense. Parce que tout le monde a le droit de savoir. Vous pouvez envoyer également vos photos. Elles seront publiées dans la galeries, comme des oeuvres d'art contemporain. C'est aussi ça, la grande vitrine internet : connaître le breakfeast de tout le monde. Qui oserait prétendre qu'il ne s'agit pas d'un progrès pour l'humanité !

mardi 17 septembre

C'est le matin, l'ordinateur affiche 6:45. J'ai une longue journée de travail en perspective. Et peu de temps à accorder au journal.

mercredi 18 septembre

Toutes ces pages html qui dérivent dans le cyberespace. Et moi qui en balance régulièrement. Tous ces internautes qui errent, trouvent des repères, prennent leurs habitudes, reviennent. Il manquerait peu de chose pour que tout cela devienne vraiment vivant et excitant.

jeudi 19 septembre

Pendant les années punk, il y avait un groupe français, comme il en fleurissait à l'époque, qui chantait je suis fier de ne rien faire. Ce refrain m'est resté jusqu'à aujourd'hui alors que j'ai probablement oublié tout un tas de chansons. C'est parce qu'il me parle, comme le slogan affichant cet idéal si difficile à atteindre : Ne travaillez jamais ! L'apologie de l'inactivité est toujours plus ou moins suspecte. Il est vrai que le monde est plein d'arrivistes qui affichent un détachement à toute épreuve. On soupçonne d'hypocrisie ceux qui affectent de se retirer du monde. C'est pourquoi il est préférable, lorsqu'on choisi définitivement le camp de la glandouille, de ne pas le revendiquer. Mais personne ne peut vous empêcher de fredonner cette chanson punk : car je suis fier(guitare), fier de ne rien faire, fier de ne rien faire, fier de ne rien faire (ad lib).

vendredi 20 septembre

Je ne comprenais pas bien les attitudes affichées, par mes collèges de travail. C'est qu'il me manquais la motivation. Sans elle, impossible de décrypter les comportements. Mais celle-ci n'est jamais explicite, c'est pourquoi on met si longtemps à comprendre. Tout serait plus simple si les gens se baladaient avec un badge : "I love money", "Power is what I want", "Glory now" ou "Give me sex".

samedi 21 septembre

Même si on n'y apprend pas grand-chose, la biographies des Rolling Stones par François Bon est un livre crucial à cause de tout ce qu'il remue en le lisant. Lorsque Bon parle du temps passé à consulter des archives pour préparer ce livre, je me dis que j'ai passé autant de temps, sur les mêmes photos, en écoutant les mêmes bootlegs, en scrutant les mêmes pochettes. Il n'est jamais rien sorti de concret de tout ça mais ce n'est pas du temps perdu, loin de là. Du temps passé à oublier la réalité quotidienne, à se laisser entraîner par la musique, et surtout à combatte l'ennui.

dimanche 22 septembre

Vu le principe d'incertitude. C'est mon premier film de ce réalisateur que je voulais absolument découvrir à cause de ce que j'en avais lu. C'est un film pendant lequel on baille, on pense souvent au fait qu'il n'y a pas assez de place pour étendre ses jambes et on se demande si l'on ne s'est pas fourvoyé dans un piège pour lecteurs de Télérama. Et en même temps, c'est un film formidable lorsqu'on y repense après. Une qualité indéfinissable, assez proche des souvenirs littéraires, ce qu'il peut rester d'un texte de Flaubert, par exemple. C'est très rare, cette qualité. Il faut aller voir ce film de toute urgence !

lundi 23 septembre

Rien de spécial. Et c'est là qu'il faudrait creuser, justement.

mardi 24 septembre

Un grand moment dans la bio de François Bon : l'arrivée de Mick Taylor à l'audition. Déjà le simple fait que pouvoir dire qu'il avait joué une fois avec eux était un truc en or pour son CV de musicien de studio. Jagger lit un journal (Time International). Il lève la tête, regarde le guitariste qui vient de pénétrer dans les studios Olympic, puis reprend sa lecture sans dire un mot. En arrière-plan, dans leur box insonorisé (tel qu'on peut les voir dans One + One de Godard), Watts et Wyman en train de tirer des clopes sans dire un mot. Et le pauvre Taylor va poireauter comme ça trois heures, le temps que Keith arrive et qu'on branche les amplis. Quand on connaît l'issue de cette audition (l'embauche du musicien dans le groupe), il y a dans cette attente, à la fois tendue et pleine de la vacuité des temps morts, quelque chose d'assez grandiose, épique.

mercredi 25 septembre

Attention, message important !

Hey ! Les abonnés. J'ai changé d'adresse e-mail. et j'ai perdu mon carnet dans la bataille. j'ai pu récupérer quelques adresses (notamment de ceux ou celles qui participent à la liste de discussion du gfiv). Donc, si vous ne recevez plus ma prose le dimanche matin, alors il faut vous réabonner sur la page d'accueil du journal (les nouveaux peuvent s'y mettre, c'est agréable à lire vers dix heures du matin avec des croissants, paraît-il). Sorry, juste un petit problème technique comme il en arrive de temps en temps par ici, dans notre petit univers virtuel tellement confortable par ailleurs.

jeudi 26 septembre

En ce moment, net ralentissement de l'écoulement du temps. Des semaines qui s'étirent indéfiniment ("on est seulement jeudi ?"), des journées qui passent en douceur en vous laissant bien le temps de faire tout ce qu'il y a à faire, sans précipitation, avec en prime le petit quart d'heure exquis de pur ennui. Je n'avais pas connu cette sensation depuis tellement longtemps que je ne sais plus. Pas désagréable du tout.

vendredi 27 septembre

Qu'est-ce qui fait que l'on puisse trouver autant de vie, d'émotion, d'intensité, sur une liste de discussion ? Peut-être le principe des affinités électives, le fait que les gens qui sont là ont choisi d'y être, alors que dans la real life, c'est le règne de la cohabitation forcée (famille, travail, relations...).

samedi 28 septembre

Pour trouver un semblant d'équilibre j'ai besoin, dans la semaine, d'une journée totalement dépourvue de contraintes sociales, une journée sans rien de programmé. Je l'appelle la journée sans liste. Et cette journée, c'est aujourd'hui.

dimanche 29 septembre

Attention à ne pas devenir blasé. Se souvenir d'avant, quand on écrivait sur des cahiers que personne ne pouvait lire, quand la seule solution pour atteindre des lecteurs consistait à convaincre un éditeur de vous publier. Et se réjouir de cette merveille : vous pouvez lire mes mots (et même m'envoyer les votres).

lundi 30 septembre

J'ai toujours aimé les films qui prennent le temps de contempler le bruissement des feuilles dans les arbres (Le genou de Claire, Le principe de l'incertitude, Mes petites amoureuses, etc...). J'aime également regarder les arbres en pensant à ce genre de plan dans les films. Or, je viens d'apprendre que sortait prochainement un film entièrement consacré aux arbres.

mardi 1 octobre

Savoir que des gens vous lisent, plus ou moins régulièrement, oui, c'est une responsabilité. Je ne me sens pas responsable de ce qui me passe par la tête, et donc de ce que je note au moment où j'écris , mais de l'état dans lequel je suis, celui-ci déterminant en grande partie le type d'association d'idées qui se présentera à mon esprit ( viendra sous ma plume, comme on disait avant).

mercredi 2 octobre

Je suis de bonne humeur. J'entends la radio qui monte de la cuisine (une conférence sur la poésie). Il fait encore nuit. J'écris ces mots après avoir pris un café, avant de sortir. Je m'étonne du fait que nous soyons prisonniers d'un style pour toute la vie.

jeudi 3 octobre

J'aime bien la cover de Can't explain par Captain P@t. Des mauvaises langues de la liste diront que je manque de recul, mais Jane don't care (c'est bien connu). Ce titre me fait revenir un souvenir d'enfance. J'ai treize ans et j'accompagne ma mère qui fait des courses rue de Passy. J'obtiens la permission d'aller me balader au rayon disques du magasin Inno. Je fouille dans les bacs et là je tombe sur un truc inédit (Rock n' folk n'en a pas encore parlé ni rien), du jamais vu, le dernier Who, "Meaty, beaty, big and bouncy", qui vient juste d'arriver (j'ai vu le vendeur le déballer et le mettre en rayon). Mais le détail qui fait soudain battre mon cœur en accéléré, c'est l'étiquette sur la pochette en carton épais : IMPORT. C'était synonyme de luxe, de galettes précieuses vendues très cher. Or ce disque (erreur d'étiquetage) était au prix du tout venant. Je l'ai emporté, évidemment, avec une certaine précipitation. Et c'est devenu un de mes disques de chevet : la compilation parfaite, avec tous les singles géniaux de la grande période du groupe. J'ai découvert ensuite chez des amis que Can't explain ne figurait pas sur le pressage français. Inutile de dire que me balader avec ce disque "import", c'était, à l'époque, la hype ultime.

vendredi 4 octobre

Faut que j'arrête la nostalgie, moi. Mais c'est pas facile, avec Captain p@t qui ressort ses vieilles photos en noir et blanc.

samedi 5 octobre

Tout le monde veut faire son blog. Moi non. J'ai pris mes habitudes et je n'ai pas envie de déménager. Définir ces trucs comme des "blogs" n'est peut-être pas une si bonne idée. Ce qui compte pour ceux font ce genre de chose, c'est de trouver la meilleure manière de se montrer, de s'exposer. Que le support soit ou non fourni par la Blogger compagny importe peu. J'ai observé un phénomène curieux à propos de ces gens (dont je fais partie) qui s'autorisent à vous raconter leur pensées ou leur dernière rage de dent. Vous vous intérressez à certains, que vous ne supporteriez pas deux minutes en real (comme celui-là), et les écrits d'autres, que vous aimez bien croiser dans la vie, vous indiffèrent (pas d'exemple). Je ne sais quelle conclusion en tirer.

dimanche 6 octobre

J'ai petit à petit réduit le champ d'action de mes activités. L'écriture est ce que j'ai trouvé de plus souple, de moins encombrant. On peut y consacrer un court moment dans la journée, suffisant pour légitimer le reste du temps passé dans l'oisiveté - qui devient alors une sorte de posture respectable, celle de l'écrivain concentré sur son expérience intérieure ou contemplant les détails changeants de la vie.

 

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