lundi 10 février

Je regarde la Seine par la fenêtre. On s'attend à une très grande crue. A Paris, il parait qu'on vide les caves du Louvre. Mauvais signe.

mardi 11 février

L'amitié de Dylan, les hommages qui se multipliaient, rien n'y faisait : je tenais Johnny Cash pour un cowboy un peu épais et limité. Il y a encore des éléments countrysants dans sa musique qui me déplaisent, mais les dernières chansons, dépouillées de tout arrangement superflu, sont de purs moments d'émotion et de poésie.

mercredi 12 février

A quoi pensais-je ce matin, en étalant ma confiture à l'orange sur mes toasts ? A cette dose de séduction feinte qui entre dans le jeu social entre hommes et femmes; personne n'en est dupe, mais l'on se froisse si elle se trouve négligée.

jeudi 13 février

Un lieu d'exposition d'art contemporain quelque part dans la province française. Deux jeunes institutionnels guident la visite. Une fille, professionnelle, réservée, qui s'en tient à ce qu'elle sait des artistes et de leur démarche, et un jeune homme brillant qui n'hésite par à soumettre certaines oeuvres à un feu nourri d'interprétations en valsant avec les références (le corps, la mort, les camps, les médias...). C'est un véritable sport et en tant que tel, il nécessite de l'entraînement. Essayez chez vous. Prenez une image, un objet, n'importe, et lancez-vous. Vous verrez, c'est assez grisant. Et puis il y a la satisfaction de parler comme Paul Ardenne.

vendredi 14 février

Trou de mémoire. Cela s'est passé dans les escaliers. Une phrase toute faite a surgi, qui me paraissait satisfaisante et bien tournée. Depuis, je la cherche en vain : disparue comme elle était venue.

samedi 15 février

Belle lumière orange sur les arbres ce matin. J'ai moins besoin de musique - ou alors, des choses proches du silence ("ambient").

dimanche 16 février

Tiens, je viens de commencer un nouveau "roman" (les guillemets, c'est pour ne pas me restreindre, m'enfermer dans une forme, vous l'aviez compris). J'en avais terminé un depuis quelques mois et je ne l'aimais plus, n'ayant plus grand chose à voir avec la personne qui l'avait écrit et ne souhaitant pas la retrouver dans l'immédiat. Donc : new start.

lundi 17 février

Il existe deux sortes de choses : celles sur lesquelles on peut agir et celles sur lesquelles on ne peut pas. Occupons-nous des premières, et laissons les autres suivre leur cours (fin de la minute de relaxation).

mardi 18 février

Un grand merci à Djee pour m'avoir donné envie d'écouter à nouveau Bonnie "Prince" Billy - que j'avais classé trop rapidement parmi les minimalistes un peu mornes à la Smog. Adéquation totale : exactement la musique dont j'ai besoin pendant ces vacances.

mercredi 19 février

La pitié est un sentiment dangereux qui place celui qui la reçoit dans une position intenable. Prenons un exemple : un "artiste" se faisant une trop haute idée de lui-même (cas hélas très courant) vous brandit fièrement ses médiocres dessins en quêtant votre admiration. Deux solutions s'offrent à vous. Exprimer honnêtement votre sentiment tiède, avec les accompagnements d'usage ("continue, cela finira peut-être par venir, etc...") ou bien feindre, par lâcheté ou par pitié, un engouement qui ne peut être que forcé. L'autre capte cinq sur cinq la maladroite simulation à l'aide de ses antennes "non verbales" (80% de la communication selon nos psychologues), et il ne peut que vous en vouloir terriblement (d'où temps et énergie perdus, scènes de violence inutiles, etc...).

jeudi 20 février

Je pars en vacances. Pat a tellement bien organisé les choses que je ne sais même pas à quelle date nous serons de retour. Have fun ! See you later ! Take a good care of you ! That's no way to say goodbye ! We'll meet again ! Bye bye, readers, bye, bye !

lundi 3 mars

Je vais vous faire un aveu : je n'étais pas du tout en "vacance". Le GFIV a passé toutes ces journées à redéfinir ses principes de base. Et j'ai changé d'avis sur un point important, me semble-t-il. En effet, j'ai souvent fait ici l'apologie de l'inaction. Celle-ci trouvait sa justification théorique dans une mauvaise lecture de Tchoung Tseu et de Guy Debord. Le non-agir du philosophe taoiste ne signifie pas s'abstenir de toute action sur le monde mais simplement ne pas forcer, suivre le cours naturel; le ne travaillez jamais situationniste concerne le travail aliéné, pas la création libre de sa propre vie. Ceci ne signifie pas cependant que le GFIV va soudain basculer dans l'activisme, nous n'avons pu guérir de notre vice le plus cher : la paresse.

mardi 4 mars

Le GFIV voulait passer un spam du genre "La diva de web underground est de retour" (un de ces trucs glams dont Pat a le secret). Je lui ai dit : stop là, mec. Je tiens à rester le "secret le mieux gardé du net ", selon la belle expression d'un lecteur.

mercredi 5 mars

"Nous habitons un seul monde, infini et parfait. Le monde est ce qui ne manque de rien, puisque ce qui manquerait ne serait dès lors pas du monde, et donc ne manquerait pas. Le reste n'est que jeux de langage, communications équivoques." ceci extrait d'un merveilleux article qui donne envie de lire Spinoza.

jeudi 6 mars

J'aime par dessus tout la Billie Holiday de la fin (pourtant très décriée par les puristes). Rien n'est plus beau que le dernier album de Billie Holiday.

vendredi 7 mars

Vous pouvez aller en paix, je n'ai rien à vous dire aujourd'hui.

samedi 8 mars

Aujourd'hui non plus, mais je vais me forcer un peu, sinon c'est la fin. Quoi ? Waiting for the war ? Sorry, j'ai décroché du feuilleton. L'analyse de Baudrillard est à la fois terrifiante et terriblement convaincante.

dimanche 9 mars

Ce matin, sur France cul, ça parle de l'île du docteur moreau. Mais la radio est dans la chambre à côté et je n'entends pas distinctement. A un moment, je crois que la femme interrogée a parlé d'une métaphore de la solitude; le journaliste y voyait quelque chose de noir, de résigné, et elle : " Mais pas du tout ! Il faut d'abord être passé par l'expérience de l'île, avoir aimé la solitude, pour ensuite pouvoir apporter quelque chose à quelqu'un.".


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