lundi 28 octobre

"Parmi les otages décédés, un est mort par balle, et tous les autres à cause d'un gaz spécial", a déclaré, dimanche soir au cours d'une conférence de presse, le médecin en chef de Moscou, Andreï Seltsovski. (Le Monde)

Pourquoi le gazage du théâtre de Moscou laisse-t-il une telle impression de nausée ? Parce que dès le départ, la tragédie paraissait inéluctable (comme dans Un après-midi de chien). Ensuite, même si le terrorisme avec prise d'otages est injustifiable, les Tchétchènes nous sont plutôt sympathiques en tant que désespérés, minoritaires, opprimés et victimes de la barbarie russe. L'erreur fatale était de croire que Poutine pouvait se soucier de la survie des otages. Comme on le redoutait, il s'en tapait royalement et il les a fait massacrer sans hésiter. La version officielle, selon laquelle les Tchétchène auraient commencé à tuer des otages en fuite, ce qui aurait déclenché l'assaut ? Un gros mensonge selon les témoin qui se trouvait dans le théâtre. Le plus triste, c'est que tous ce monde est probablement mort pour rien, que les Tchétchène continuerons à se faire massacrer dans la plus totale indifférence (real politic oblige), et que l'opération semble renforcer le prestige de Bad Poutine auprès de la population russe.

mardi 29 octobre

Aujourd'hui : gestion des affaires courantes. 1 Une démarche - pas très compliquée - concernant ma promotion sociale. Et oui ! L'objectif n'est pas de gagner plus, mais de travailler encore moins (c'est possible). 2 Nous n'arrivons pas à remettre en réseau l'ordinateur qui rentre de l'hôpital. Je ne lâche pas l'affaire. 3 C'est tout; en fait. Ah si ! Découvrir les sessions de travail (work in progress) d'Electric Warrior (CD offert par P@t).

mercredi 30 octobre

L'enfer, c'est lorsqu'un truc ne marche pas dans un ordinateur et qu'on passe en revue toutes les causes possibles. Toute la journée d'hier, ou presque, à essayer de remettre en route le réseau GFIV. J'aurais pu passer tout ce temps à lire Philip Roth, à écouter Tim Hardin, à ramasser les feuilles dans l'allée.

jeudi 31 octobre

Marre des machines. Je pars avec le chien au bord de la mer, dans la maison lugubre et charmante d'une amie. En plus, j'ai trouvé ce qui n'allait pas avec le réseau. Ce n'était pas un problème de configuration (comme l'affirmait le technicien que j'ai eu au téléphone), c'était le câble qui était tout écrabouillé. J'ai remarqué que l'on donnait différentes interprétations selon le moment où la panne survient, alors que celle-ci peut n'avoir aucun rapport avec tout ce qui précède. Se rappeler à ce sujet que le hasard frappe quand il veut.

vendredi 1 novembre

Le départ est imminent. Les bagages sont prêts. Pat a choisi les CD pour la route (country, comme d'hab). Je me dis que c'est bientôt la fin des vacances, pour rendre tout ça plus intense - alors qu'en vérité, pour moi, il n'y a presque pas de différence entre travailler et être en vacances. A bientôt !

dimanche 3 novembre

Saul Bellow. J'ai découvert ce romancier sur le tard, avec son dernier livre, étourdissant de vie et de liberté; un bouquin écrit à plus de quatre vingt ans. J'ai alors commencé à m'interroger sur ses précédents, sans vraiment chercher à me documenter : j'attendais que le hasard le ramène sur ma route. Et l'autre jour, dans la maison de bord de mer de mon amie, au fond d'une grande armoire remplie de bouquins, j'ai trouvé Le faiseur de pluie. Je l'ai ouvert, j'ai commencé à lire. C'était le même enchantement, le même ton, capable de brasser la plus haute culture et des détails vestimentaires minuscules, des considérations métaphysiques et une véhémente attirance pour les femmes élégantes. Je vais me régaler.

lundi 4 novembre

Pour être vraiment dans la rupture avec l'ordre existant, il faut beaucoup d'indifférence (ce qui manque souvent à ceux que la pauvreté et la frustration rendent hargneux). Plus outlaw que brûler des voitures, plus rebel que tagger les murs, plus destroy que les drogues de synthèse : lire un roman devant la télé éteinte.

mardi 5 novembre

Je pars travailler, aujourd'hui. Je ne me plains pas, mais ne me demandez pas d'être enthousiaste.

mercredi 6 novembre

Un truc qui m'énerve : les citations de "chef œuvres de l'histoire de l'art" par des nuls qui n'ont rien de spécial à y ajouter mais qui comptent bien profiter un peu de leur aura. Un peu comme comme ces peintres qui ne peuvent se référer qu'à la mythologie, à Dante ou à la bible - surtout pas à la vie quotidienne.

jeudi 7 novembre

On m'a déjà reproché d'attacher trop d'importance à ces petites choses futiles : les chansons rock. C'est simplement que les journées démarrent mieux lorsqu'elle commencent avec un nouveau riff de guitare tout frais et un chouette refrain. Après des années de pénurie, où nous étions condamnés à écouter en boucle nos vieux disques des Kinks, c'est soudain l'avalanche (Libertines, Liars, Walkmen, Yeah Yeah Yeahs...). Et tous ont ce petit truc qui fait les matins radieux et énergiques.

vendredi 8 novembre

Ron Sexsmith est un très grand song writer doté d'une voix irrésistible.Un seul petit bémol : dans ses albums précédents, ses merveilleuses chansons étaient desservies par une production un peu terne. Ce problème est aujourd'hui réglé, Cobblestone Rubway est un disque parfait.

 

Samedi 9 novembre

J'ai terminé le roman de Philip Roth hier soir devant la cheminée. Je suis encore sous le choc. Tout à la fin, le narrateur - qui est un écrivain en train de terminer un roman qui s'appelle La tache - rencontre un de ses personnages, un vétéran du Viêt-nam complètement cramé. Il le soupçonne fortement d'avoir assassiné le couple constitué par ses deux personnages principaux. La scène se passe sur un lac gelé. Le cinglé est en train de pêcher dans un trou qu'il a fait dans la glace à l'aide d'une perceuse. L'intensité de ce face-à-face qui dure sur une dizaine de pages, voilà exactement ce que je cherche lorsque je dévore des livres pendant des heures.

dimanche 10 novembre

Aujourd'hui : rien.

lundi 11 novembre

Je ne travaille pas d'habitude le lundi, et c'est toujours une belle journée de glande dans la semaine. Mais là, le fait que les autres ne travaillent pas non plus, du coup, c'est moins bien. Je ressens ce qu'ont dû vivre les bourgeois en voyant débarquer les congés payés sur leur plage.

mardi 12 novembre

J'ai pas la super forme, là. Mais cela me va. Je suis complètement contre cette obsession si américaine de l'énergie à tout prix. Rien de plus stupide que cette expression : "Alors ? La forme ?". Non, pas la forme. Pas du tout la forme. Surtout : pas envie d'être en forme, de déborder d'énergie. Envie de somnoler, de glander, de rêvasser, d'être inefficace. Y'a un problème ?

mercredi 13 novembre

Je m'économise.

jeudi 14 novembre

Il y a des choses qui reviennent de manière cyclique et qui, en dépit de cette régularité, nous prennent par surprise - au point que nous nous méprenons, à leur abord, sur leur nature exacte. Il en est ainsi de ce changement de rythme qu'il serait faux d'attribuer à la paresse ou d'assimiler à une langueur maladive : j'entre lentement mais sûrement en état d'hibernation.

vendredi 15 novembre

Conférence de Francois Jullien, ce matin sur france-cul. Je n'ai pas tout écouté car à cette heure-là mon cerveau fonctionne par intermittence. J'ai bien aimé la conception taoïste du milieu : pas le juste milieu terne, ennuyeux, de la "sagesse" bourgeoise, mais la capacité à s'abandonner à fond, d'un côté comme de l'autre (la disponibilité). Lisez "Éloge de la fadeur", meilleure introduction au travail passionnant de François Jullien sur la pensée chinoise.

samedi 16 novembre

Dans l'astrologie chinoise, je suis du signe du chien. Ce n'est pas un signe de winner, ça c'est clair. Mais le chien est plein de qualités désuètes : il est honnête, loyal, fidèle - un peu con, quoi (et totalement inadapté au libéralisme).

dimanche 17 novembre

Oui, c'est bien, la Chine. Je tire régulièrement le Yi-king. Même si je ne vois pas toujours le lien avec la situation présente, les commentaires sont toujours très bien, comme si un pépé sorti des légendes, avec une longue barbe, vous murmurait des paroles profondes et simples qui vous aident à y voir plus clair. Seul problème : l'effet est de courte durée; cinq minutes plus tard, vous replongez avec allégresse dans le stress et la confusion.

 

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