lundi 9 juin

Il est bon que vos enfants vous voient en situation sociale, en train de feindre un intérêt pour des sujets qui vous indiffèrent, de sourire en tirant sur les muscles, d'entretenir des discussions plombées. Amenez vos enfants sur votre lieu de travail, vous verrez, c'est une expérience enrichissante ("Dis, c'était qui le gros qui faisait des mauvaises vannes ?"), surtout si vous explicitez bien ce qui se passe, les enjeux et les stratégies.

mardi 10 juin

Pas facile, la pêche au Go-betweens sur Kazaa...

mercredi 11 juin

Je veux aller voir l'exposition Lartigue, me promener aux Tuileries et glander à la terrasse des cafés parisiens. Alors fini, les grêves. Retour à la normale, please.

jeudi 12 juin

Je pense à ceux qui ont accès à ce média, la possibilité de toucher un public, et n'ont strictement rien à dire (ni même le talent pour mettre ce rien en forme). Quelle frustration ! Je compatis et pardonne leur attitude de roquet. Dorénavant, le GFIV évitera les polémiques stériles avec : les losers, les autistes, les faux artistes, les vrais réacs, les besogneux aigris, les petits tyrans de principautés virtuelles, les connards qui voudraient se débarrasser de vous en vous prenant de haut (mouarf), bref, tous une petite horde que l'on retrouve tapis dans certains recoins, toujours en train de macérer dans le même vide, et dont les agression ne sont rien d'autre que des entreprises un peu vaines de restauration narcissique.

vendredi 13 juin

Air chaud entrant par la fenêtre ouverte. Je vais me trainer jusqu'à une chaise longue et m'y effondrer en m'arrangeant pour avoir à boire et de la lecture à portée de la main. De la musique ? Bof. Un peu de silence, ça remet les idées en place.

samedi 14 juin

C'est fait. Nous venons de rattraper notre retard vis-à-vis de l'angleterre et du libéralisme européen en général - pas par rapport aux retraites, mais en terme de dressage social, de renoncement au principe de plaisir, de castration symbolique.. Comme le mouvement semble irréversible, laissons la vague prendre de l'ampleur, regardons-là s'élever, majestueuse, et attendons la retombée. Celle-ci aura lieu, il s'agit d'une loi incontournable (the rise and fall). Oui, mais quand ? Je pense qu'il ne faut pas se montrer impatient en ce domaine.

dimanche 15 juin

Intérieur jour. Une tour à la Défense. Discussion autour d'une machine à café.

Lui : Tu as l'air contrariée.

Elle : Non, c'est rien. L'impermanence des choses, les métamorphoses continuelles, et pourtant, la durée inflexible de ce qui est. Voilà ce qui me préoccupe ce matin.

Lui : Ouaips. Rien de nouveau depuis Parménide, quoi.

lundi 16 juin

Le héros du jour ? Michel Roussel, chef de la cellule «Homicides 31». D'ailleurs, il vient d'être remercié officiellement par le ministère : le gendarme qui enquête sur le tueur en série depuis 1997 a été écarté d'une partie du dossier.

mardi 17 juin

Les petites robes d'été sont de sortie (Avez-vous remarqué comme les femmes sont élégantes en ces temps de fortes chaleurs ?). Tous les vieux matous sont en embuscade. La journée peut commencer, sur les terrasses et à l'ombre des arbres.

mercredi 18 juin

Ceux qui vivent mal la domination de la droite sont ceux qui n'ont pas connu, ou qui ont oublié, les années pompidou/giscard. Retour du capitalisme hard après une petite parenthèse de capitalisme socialement fleuri.

jeudi 19 juin

En lisant Experience (Martin Amis), j'ai compris pourquoi les écrivains français qu'on nous vend n'atteignent pas ce niveau. Parlant de lui dans ces mémoires, Amis a exactement le même regard que sur ses personnages de fiction : il est lucide, cruel, drôle (on sourit souvent). Il ne se place pas à l'écart du risible comme nos harangueurs médiatiques. Mais, m'objectera-t-on, cette qualité est plus morale que littéraire. La caractéristique principale de la littérature - ce qui permet de la distinguer de ce qui n'en relève pas -, n'est-ce pas précisément cette neutralité de la langue ?

vendredi 20 juin

Sous nos climats tempérés, la redécouverte des corps qui réapparaissent en pleine lumière à la fin du mois de juin est toujours un moment assez torride (Je plains ces pays chauds où les peuples sont plus ou moins dénudés à longueur d'année).

samedi 21 juin

Dans un film médiocre, un éditeur faisait le commentaire suivant sur le journal que tenait sa maîtresse : " Les petits détails concrets, c'est bien. Evite les généralités, le moralisme.", déclarait-il avec l'assurance du spécialiste. Ici, c'est tout le contraire, ducon.

dimanche 22 juin

Amis again : "Ce n'est pas dans la simple opposition narrative du bien et du mal que la morale se fait sentir. Elle se glisse dans n'importe qu'elle phrase." Démonstration limpide de cette mystérieuse vérité : le style est une morale.

lundi 23 juin

Quelque part (ici, plus précisément), quelqu'un me trouve "mystérieuse, parfois teigneuse, politiquement pertinente, libertaire et dotée d'une belle culture littéraire et musicale (rock and roll !)." Je savoure ces louanges, mais il y a le côté teigneux qui me chiffonne. Non pas que j'en conteste l'existence mais parce que je porte sur lui, depuis peu, un regard critique. Dans toute exigence excessive vis-à-vis d'autrui, il y a une déception rageuse qui se profile. Et dans cette rage programmée, on peut déceler une révolte contre le monde des adultes. Cette révolte est un peu déplacée, elle provient d'un univers pour nous révolu : celui de l'enfance; elle est le signe d'une mauvaise adaptation, plus ou moins volontaire, au principe de réalité, comme aurait dit le cocaïnomane viennois.

mardi 24 juin

Le problème pourrait se formuler ainsi : comment sortir de la négativité sans tomber dans la niaiserie ?

mercredi 25 juin

Une bonne nouvelle pour ceux qui ne partent pas : je suis de garde cet été. C'est moi qui vais assurer le service minimum du GFIV. Quoi qu'il arrive, je serai là.

jeudi 26 juin

Les vacances commencent aujourd'hui. Je ne vous ferai pas le coup de l'immense parc au frontières lointaines, inaccessibles, où une légère brise rafraîchissante fait bruisser les frondaisons dans la lumière de l'été. De toute façon, ce domaine - enchanté et hors du temps comme un souvenir d'enfance de Nabokov - n'a qu'un temps (et il est très court). Le parc sera bientôt pris d'assaut par des forces antagonistes, furieusement hostiles à toute forme d'enchantement. Il commencera à recevoir des coupes franches et violentes à partir du 15 août pour finir en sinistre jardinet de banlieue balayé par la pluie, le vent d'automne et les promotions de rentrée. D'où un sentiment aigu du caractère fugitif de l'instant qui vous étreint lorsque le portail s'ouvre devant vous et que vous avancez le premier pas.

vendredi 27 juin

Baisser la garde. En rabattre. Chasser les motifs d'intransigeance en plaçant la barre à une bonne hauteur (à taille humaine). Donner à ceux que l'on croise la possibilité de passer sans se casser la gueule ou se ridiculiser.

samedi 28 juin

BNP-Paribas, Croissy-Beaubourg : nous avons un fan là-bas, quelqu'un qui nous rend visite régulièrement. Je trouve ça marrant, un peu bizarre (une net-situation typique). Bien le bonjour à la BNP-Paribas !

dimanche 29 juin

Basquiat était-il en contact avec certaines forces occultes qu'il manipulait un peu à l'aveuglette dans sa peinture (comme un sorcier sous hallucinogènes, en pleine transe chamanique) ? L'hypothèse ne peut être complètement écartée lorsqu'on traverse les salles du Musée Maillol où se tient la meilleure exposition visible actuellement à Paris.

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